La vie à la Maison de Retraite Protestante induit nécessairement des achats quotidiens. Or, acheter produit des déchets et produire des déchets représente un coût. Nous avons donc orienté notre stratégie de gestion sur deux axes : la refonte de notre politique d’achats et la gestion des déchets.
Savoir acheter
Dans l’histoire du fonctionnement, bien que les achats soient au cœur de nos pratiques et que nous soyons vigilants à la conduite d’une bonne gestion des ressources, les process liés aux achats n’étaient pas le centre de nos préoccupations. Cependant, pour assurer l’approvisionnement des produits et denrées indispensables pour améliorer le bien-être des 91 pensionnaires de l’établissement et le confort des professionnels que la fonction achat a été réétudiée.
Nous avons réorganisé et réparti les missions de recueil et d’évaluation des besoins, de recherche de fournisseurs adaptés, de comparaison des prestations délivrées par les fournisseurs et des produits proposés, de négociation des tarifs, des conditions d’achat, de livraison et de procédure de commande. L’adhésion et notre implication à un groupement d’achat ont constitué des supports essentiels dans la mise en place de notre politique.
Plus concrètement, la stratégie développée consiste en la sensibilisation et la formation des responsables en charge de l’achat des produits du service qu’ils supervisent, l’adhésion et l’implication dans la dynamique de la centrale de référencement UNADERE, le maintien du lien avec les fournisseurs, avec bien entendu l’implication et le pilotage de la direction.
Laquelle est en veille et en échange permanent avec d’autres structures du même type en vue de mutualiser les pratiques et politiques d’achat.
Le principal enjeu de la refonte de la politique des achats de la structure est de diminuer les coûts, non pas pour les restreindre mais davantage pour maintenir une amplitude permettant d’acheter mieux ; c’est-à-dire acheter le bon produit en termes de qualité et / ou de proximité et de réponse au besoin, ceci à moindre coût. En d’autres termes, il s’agit de consolider les dépenses pour investir dans la qualité de vie pour les résidents et la qualité de vie au travail pour les professionnels.

Gérer les déchets
Produire des déchets représente des coûts dissociés de tout investissement des coûts de production (achats de matières premières, consommables), de gestion interne (manutention, stockage…), et externe (prestataires pour l’élimination et le traitement des déchets). De fait, l’objectif de diminution des déchets limite le tonnage de déchets, les coûts de gestion et contribue à la valorisation des prestations.
Les plus gros postes de déchets sont représentés par les protections, les cartons / emballages et l’alimentaire. Voici une ébauche d’actions conduites dans l’établissement.
L’alimentaire : la mise en place d’un plan alimentaire conforme à la réglementation du
Groupement d’Étude des Marchés en Restauration Collective et de Nutrition (GEMRCN) a été un des points de départ de notre démarche. Ce plan est suivi et élaboré par une diététicienne, les cuisiniers, le médecin coordonnateur, l’IDEC, la gouvernante et la direction. C’est un travail d’équipe indispensable comme facilitateur de prise de conscience qui a induit un investissement de création d’outils de pilotage et de suivi informatiques adaptés.
L’équipe de restauration est composée de cuisiniers qualifiés et spécialisés en techniques de cuisine traditionnelle, nous avons évité de recourir à des « presse-boutons ».
L’objectif premier étant de favoriser la qualité, la réactivité quant aux retours et attentes des
Résidents et d’amoindrir le recours à des barquettes et emballages. Tout au long de la journée, nous tentons également de supprimer les aliments en emballage individuel pour favoriser les produits « faits maison » élaborés sur place par des cuisiniers. En plus d’une réduction des grammages et d’une maîtrise de la cuisson des aliments, les actions conduites par l’équipe de restauration nous a permis de valoriser nos actions : la mise en place de commissions de
Restauration mensuelles avec la participation de résidants, la sensibilisation du personnel à la nutrition des résidents par le médecin et la diététicienne, la mise en place d’un atelier cuisine entre résidents et cuisiniers.
En complément, le service a favorisé les carafes d’eau plutôt que les bouteilles en plastique, des distributeurs de serviettes ont été installés dans chaque salle à manger permettant de supprimer la disposition sur les tables. Concernant la formation des professionnels, l’accent a également été mis sur la présentation des plats (aspect visuel, vaisselle adaptée à la portion servie) et le service (temps adapté au rythme des résidents et des saisons ainsi qu’à la consommation)
En matière de recyclage, notre souhait de développement durable par le recyclage de certains déchets alimentaires s’inscrit dans le projet du « Lieu de vie ». Il s’agit d’un espace qui propose aux résidants de se réapproprier les gestes de la vie quotidienne, en s’appuyant sur des activités qu’ils connaissent bien tels que la cuisine ou le jardinage, par exemple. Afin d’être cohérents avec nos objectifs d’accompagnement et dans la continuité de nos pratiques, intégrer un poulailler et un composteur à proximité de la terrasse du lieu de vie et du potager, témoigne de notre accompagnement quotidien : nous donnons du sens à nos actions en permettant aux résidents et aux professionnels de s’inscrire dans une démarche soucieuse de l’environnement.
Les cartons et emballages : les cartons sont gérés par une entreprise de recyclage pour un budget de 5 000 €. En parallèle, au niveau du service médical, la mise en place de la préparation des doses à administrer par la pharmacie (PDA) permet de gérer moins de déchets d’emballages de médicaments.
Si notre politique d’achat s’oriente davantage sur des consommables recyclables (gobelets plastiques remplacés par des gobelets en carton recyclable), cela représente un effort pour la structure qui est valorisé par notre intérêt pour l’environnement durable.

Toutefois, les liens avec les fournisseurs sont complexes : nous avons identifié que le packaging et les emballages sont un gros poste de déchets mais à notre niveau nous n’avons pas assez de poids pour imposer ou au moins inciter les fournisseurs à utiliser des emballages moins polluants, encombrants ou les supprimer. Nous ciblons de fait un intérêt dans notre implication auprès d’un groupement d’achat qui œuvre dans cette dynamique. Les protections d’incontinence et les gants de toilette : les déchets qui concernent ces postes ont pu être réduits grâce à l’évaluation permanente des besoins et l’adaptation des consommables utilisés. Toutefois, ce travail représente un investissement important en termes de sensibilisation, de formation et de suivi du personnel. La principale difficulté à laquelle nous sommes confrontées étant le manque d’alternative de tri et de gestion de ces déchets
Globalement, la sensibilisation du personnel responsable des achats pour privilégier les produits recyclables ou biodégradables est primordiale et nous a permis de cibler nos besoins et de fait acheter en moindre quantité et de meilleure qualité.
Toutefois, la gestion des déchets par la stratégie de gestion des achats représente un défi pour la structure. La nécessité pour parvenir à atteindre les objectifs est de sensibiliser les professionnels concernés et dégager du temps pour mettre en place les différentes actions. Toutefois, les bénéfices sont directs car la réflexion collective a permis de mettre en place des réajustements, les économies en termes d’achat sont notoires. Notre prochaine étape sera centrée sur le renfort de la participation et de l’adhésion des résidents et des familles.
Association Maison de Retraite Protestante 2252 route de Mende 34090 Montpellier