Pollution plastique planétaire : quelles responsabilités et solutions ?

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D’ici 2030, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41 % et la quantité accumulée dans l’océan pourrait doubler. En cause, notre système de production, d’utilisation et d’élimination du plastique, système défaillant dans lequel aucun acteur n’est tenu pour responsable. Dans son dernier rapport « Pollution plastique, à qui la faute ? », le WWF tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme et formule des propositions pour sortir de cette crise mondiale.

Selon une étude publiée en 2017, l’ensemble de la pollution de la surface des océans est évaluée à 5 250 milliards de particules, soit 269 000 tonnes de plastique. 90 % de la pollution plastique est constituée de microplastiques quasi invisibles à l’oeil nu et qui ne peuvent être collectés ; ils finissent par se répandre dans tous les océans et contaminent l’ensemble de la chaîne alimentaire, y compris nous.

Une pollution plastique généralisée et incontrôlable

Le rapport du WWF est accablant : plus de 310 millions de tonnes de déchets plastiques ont été générées en 2016, dont un tiers se sont retrouvés dans la nature. Au final, 8 millions de tonnes finissent dans les océans chaque année, à ce rythme, il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans dans seulement 30 ans.

Les conséquences sont dramatiques pour

  • l’environnement : biodiversité marine affectée par la présence de macro et microplastiques provoquant notamment des échouages de cachalots. Pollution généralisée des sols, des rivières, étouffement des coraux… A ce jour, plus de 270 espèces ont été victimes d’enchevêtrement et plus de 240 ont ingéré du plastique.
  • notre santé : au final nous ingérons également des microplastiques, invisibles à l’oeil nu mais qui sont notamment présents dans les poissons et l’eau potable. L’incinération des déchets plastique contamine notre air.
  • l’économie avec un impact sur les océans évalué à 8 milliards de dollars par an par l’ONU Environnement, notamment en raison des conséquences négatives pour les secteurs de la pêche, du commerce maritime et du tourisme.

Selon le rapport du WWF, si rien n’est fait, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41 % d’ici 2030 et la quantité accumulée dans l’océan pourrait doubler d’ici 2030 et atteindre 300 millions de tonnes.

Les émissions de CO2 résultant du cycle de vie du plastique devraient augmenter de 50% tandis que celles issues de l’incinération de plastiques devraient tripler d’ici 2030.

Les pays à revenu élevé ont une part de responsabilité considérable dans cette crise mondiale : ils produisent 10 fois plus de déchets par personne que les pays à faible revenu et exportent entre 10 et 25 % de ces déchets. La France fait partie des plus gros consommateurs de matières plastiques et est l’un des pires élèves européens en matière de recyclage du plastique (seulement 21 % du plastique est recyclé).

Zéro plastique en 2030 : un scénario possible pour le WWF

Le rapport du WWF n’est pas seulement une énième alerte, mais se veut constructif et propose de grandes orientations pour mettre fin à la pollution plastique dans la nature en 2030. Cela passe notamment par : la réduction de 28 % de la production de plastique par rapport à 2016, l’élimination progressive du plastique à usage unique, la collecte de 100% de nos déchets et le recyclage de 60% des déchets collectés.

Le plastique à usage unique, souvent appelé plastique jetable, est couramment utilisé pour les emballages en plastique et comprend des articles destinés à être utilisés une seule fois avant d’être jetés ou recyclés. Cela inclut, entre autres, des sacs d’épicerie, des emballages alimentaires, des bouteilles, des pailles, des récipients, des tasses et des couverts. Leur durée de vie est, dans la plupart des cas, inférieure à un an et, dans tous les cas, inférieure à trois ans.

Le rapport du WWF détaille le chemin à suivre pour mettre fin à la pollution plastique dans la nature en 2030. Le réemploi, l’élimination des additifs toxiques qui freinent le recyclage ou encore la recherche d’alternatives durables, comme le les barquettes fabriquées à partir de fibres de cellulose.

Le gouvernement français s’est engagé le 23 avril 2018, à « tendre vers le 100 % plastique recyclé en 2025 », dans le cadre du développement d’une économie 100% circulaire.

Ces pistes d’améliorations ne doivent pas mener à un optimisme béat qui se solde par des mesures plus symboliques qu’efficaces voire à l’inaction. Aujourd’hui, la pollution plastique est telle qu’il est devenu impossible de nettoyer nos océans des microplastiques qui forment les « continents de déchets ». Autrement dit, nous devons vivre avec cette pollution et tout faire pour éviter de l’accroître.

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